Juillet 1994 sortait en kiosque le premier numéro de Surfer’s Journal France. La revue avait été fondée deux ans auparavant, en 1992, par Steve et Debbee Pezman. Avant cela, pendant deux décennies Steve Pezman avait dirigé l’historique Surfer magazine, créé par John Severson en 1960, aujourd’hui réduit à son seul site web. Surfeur, shapeur, homme de culture et de presse, Steve Pezman avait une vue très précise du magazine qu’il voulait faire en concoctant le projet de Surfer’s Journal : un magazine classieux, atemporel, associant histoire, voyage, art et personnalités notoires dans un contenu rédactionnel à la fois équilibré et chaque fois richement renouvelé grâce à la diversité des sujets et des angles pour traiter ces thèmes. Autre point majeur de la revue, la photographie portée à l’honneur, que ce soit par les portfolios réguliers de photographes de surf ou par le choix des images dans les articles. Quant à la publicité, considérée comme relevant plus du partenariat selon Steve Pezman, elle était placée en début et fin, sans couper les articles faisant le corps du magazine. Avec ce qualitatif concept rédactionnel et graphique, Pezman instaurait un nouveau type de magazine, que ce soit dans la presse surf ou la presse en général. Un concept audacieux alors, mais qui aujourd’hui n’a pas pris une ride et prouve sa résistance face à l’effondrement de la presse magazine, bouleversée par les nouvelles habitudes de lecture via le net et les réseaux.
Pierre Bernard Gascogne, avec qui on avait créé Surf Session en 1986, connaissait bien Pezman et ainsi était venu le projet d’une édition française de Surfer’s Journal. Pour Pezman, installé à San Clemente, Californie, il y avait un défi et un plaisir de voir son magazine de culture surf prendre pied justement au «pays de la culture». Ainsi est sorti le premier Surfer’s Journal France dont j’ai pris l’entière charge et responsabilité, en parallèle de la direction rédactionnelle de Surf Session. Ce n’est pas l’objet ici de raconter, dans ces quelques lignes, l’histoire de cette édition française, pendant un temps produite dans le cadre entrepreneurial de Surf Session, et depuis 2014 en édition autonome et indépendante, mes deux mains servant à tout faire. Avec une volonté d’orchestrer un peu de surf français et aussi plus de parité, Surfer’s Journal France, selon ses moyens, diffère légèrement de l’édition américaine, mais toujours suivant la même ligne rédactionnelle dont cette revue a, seule, la vraie originalité.
30 ans de Surfer’s Journal France, ce sont aussi trois décennies de fidélité et d’amitié entre les Pezman et moi avec une confiance mutuelle à vivre passionnément cette aventure, par amour du surf et de sa transmission culturelle. Trois décennies de fidélité aussi avec toutes celles et ceux qui, à la traduction, à la maquette, à la correction, à la fabrication s’investissent sans compter pour sortir chaque numéro. Grands remerciements. Mais aussi grands remerciements à vous, lectrices et lecteurs, pour qui Surfer’s Journal est un précieux rendez-vous (certains sans relâche depuis le n°1 !) et sans qui le magazine ne saurait exister. Merci de votre fidélité. On continue. —Gibus de Soultrait
Juillet 1994, n°1 de Surfer’s Journal France, avec la couverture du n°1 américain sorti en 1992. Beau sommaire: Peter Cole – Bruce Brown – Portfolio de Don King (Curren à Backdoor) – Les voyages de Kevin Naughton et Craig Peterson – Histoire des logos – L’artiste Russell Crotty – Portraits de Wayne Bartholomew et de Didier Piter – Pub Oxbow avec Laird Hamilton, en clin d’œil avec la photo de son père, Billy, faisant la couverture. Un numéro épuisé et donc objet de collection pour qui l’a.