Rémi Bertoche, livre 4

Rémi Bertoche, livre 4

  JUNGLE, fresque en studio. Chaque artiste a sa singularité. Celle de Rémi Bertoche est celle d’une peinture débordante de couleurs, de surface, de productivité, d’énergie et doublée d’une vie tout aussi trépidante et insatiable, jouant à tout instant son va-tout. L’homme en est à son quatrième livre d’art auto-produit, mais sa vie est déjà un roman que même l’écrivain le plus narratif aurait peine à écrire. De fait, Rémi Bertoche, faut arriver à le suivre ! Pour autant il a deux constances dans la vie: 1) la vague que le surf lui a mis dans la peau et dont l’énergie aussi puissante que volatile, aussi cassante qu’enthousiasmante coule bel et bien désormais dans son sang. 2) la peinture donc dont le coup de pinceau s’avère être aussi proliférant qu’infatigable, aussi relevé que spontané, avec cette aptitude technique de n’avoir crainte d’aucun sujet (même si le surf en est le

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Romain Quesada, l’écoulement du paysage

Romain Quesada, l'écoulement du paysage

Au premier contact de l’individu, on peut se dire que l’homme est charpenté. Qu’il a même un visage de guerrier, pas tant de ceux qui ont un territoire à défendre, mais plus comme si son faciès avait été sculpté par un terroir. Pourtant Romain Quesada n’est pas un homme du sillon agricole même s’il aime mettre les mains dans la terre… comme dans la mer. Puis soudain, au son discret de sa voix, de ses phrases qui tâtonnent tout en conduisant leurs mots à bon escient d’un fait ou d’une description, sa rugosité s’efface et on se laisse porter par la fluidité qui l’imprègne, le nourrit, le sauve.  L’enfant qu’il a été a grandi dans le paysage du Bassin d’Arcachon, dans celui des plages et des vagues qui bordent cette enclave mouvante, brassée de sable dunaire, de courants impétueux, d’aigrettes blanches, de raies bouclées, si spécifique, si chère au littoral

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Bordeaux dans la vague

Bordeaux dans la vague

Jusqu’au 5 janvier 2020, La déferlante surf immerge le Musée d’Aquitaine et la ville de Bordeaux dans un océan d’objets, de planches, de photos, de tableaux, révélant puissamment le surf dans sa dimension sociétale, historique, créative, poétique… Inédit et unique. Un message de couleurs qui vivifie la teneur de notre époque grâce à une scénographie pleine d’exotisme. A ne pas manquer, ça vaut le détour. Petite présentation pour vous attirer. De grandes expositions sur le surf, il n’y en a pas eu tant que cela. Citons cependant en France Sur la vague à la Corderie Royale à Rochefort en 2005, La dernière vague à La belle de mai, à Marseille, en 2013. Egalement 50 ans, puis 60 ans de surf à Biarritz en 2007 et 2017. Aussi lorsque huit cent mètres carrés d’exposition temporaire sont consacrés au surf dans le musée le plus emblématique de Bordeaux, lui-même attaché à l’histoire et

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Les surfeuses plongent dans l’aquarium

Les surfeuses plongent dans l'aquarium

Passage au Brest Surf Film Festival 2018. Au programme une sélection internationale et locale éclectique et raffinée, avec des surfeuses engagées, des interrogations existentielles, beaucoup de réalisatrices et des séances affichant complets, les quatre soirs de suite.    Tout au bout du continent européen, à la pointe du Finistère, le complexe d’Océanopolis trône. Ce vaste bâtiment blanc, semblable à une soucoupe volante posée devant l’océan Atlantique, est avant tout un immense aquarium, où touristes et locaux viennent admirer requins et pieuvres, étoiles de mer et poissons tropicaux. Et entre les raies d’eau douce perlées et les poissons-clowns, les enfants surexcités et les badauds nonchalants, les parcours fléchés et les panneaux explicatifs colorés, le visiteur peut aussi profiter d’un cinéma. C’est précisément là où, du 8 au 11 mai 2019, plus de mille surfeurs cinéphiles se sont retrouvés pour la troisième édition du Brest Surf Film Festival, créé en 2017 par

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Nathalie Pitel, sculpter la vague, surfer l’accident

Nathalie Pitel, sculpter la vague, surfer l'accident

Il y a une puissance de la vague. Il y a une puissance des sculptures de Nathalie Pitel, elle-même forgée jusqu’à la fin de son adolescence par la puissance du paysage de la presqu’île de Crozon. Là où elle a surfé tout ce temps avant de partir faire les Beaux-Arts à Quimper et devenir, à 32 ans, sculptrice en pleine expression de son art. «Pas d’acquis sans perte. Si inventer la substance, c’est indirectement inventer l’accident, plus l’invention est puissante, performante, et plus l’accident est dramatique.» La citation, reprise presque comme un mantra par l’artiste, est de Paul Virilio, urbaniste philosophe, penseur majeur du vingtième siècle par sa réflexion sur la vitesse et son rôle prescripteur dans le progrès moderne. Une vitesse, pour Virilio, qui fatalement se retourne à un moment ou à un autre en accident. La vitesse comme substance d’inventions incessantes du siècle précédent, dont les accidents (des

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Etudes et enchantements sociologiques

Etudes et enchantements sociologiques

Le surf et les surfeurs comme objet d’études scientifiques ! Qui l’aurait cru ? Du moins parmi ceux d’antan qui enjambèrent, par monts et par vaux, un mode de vie happé par la vague. Et pourtant l’intérêt des sciences sociales pour le surf n’est pas nouveau. Depuis plus d’une vingtaine d’années, des sociologues, des anthropologues dans nombre d’universités dans le monde ont posé leurs outils conceptuels de décryptage et d’analyse d’une communauté humaine, sur le phénomène surf irriguant la société moderne à sa façon, tant par ses vagabonds rêveurs toujours en cavale sur des crêtes échevelées que par ses organisateurs et autres entrepreneurs au pragmatisme sportif et commercial. Des beachbums aux JO en passant par quelques milliards, c’est vrai que ça peut faire un marqueur de notre société. En France, des ouvrages universitaires, collectifs ou individuels (Jean-Pierre Augustin, Alain Loret, Hervé Guibert, Anne-Sophie Sayeux, Taha Al Azzawi…) ont défriché le phénomène surf

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L’artiste Gilles Barbier

L'artiste Gilles Barbier

Découvrir l’exposition de Gilles Barbier World Wide Wave à la Villa Beatrix-Enea à Anglet, c’est se prendre en pleine figure une vague d’exotisme à la fois surréaliste, humoristique et cosmique. Des slaps, des requins, des vagues, des glisseurs élevés au rang d’un territoire insulaire imaginaire pourvu de flèches stridentes pour frapper notre monde ordinaire. L’artiste contemporain dans tout son rôle d’impertinent, d’impénitent, d’exigeant. L’acronyme WWW de World Wide Wave n’est pas sans rappeler celui du World Wide Web dont la modernité a fait désormais notre ficelage quotidien. Accro à l’onde du web déferlant sur nos écrans, on en oublierait ce qui fait la spécificité de celle océanique qui déferle sur nos côtes. Débarquant à Anglet, ville de surf, Barbier s’est dit que ce serait bien de nous désemmailloter du web et donc de nous rappeler à la vague. De nous ramener à sa vague dont l’univers insulaire parle vrai à

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Jazz on the nose (et dans les oreilles)

Jazz on the nose (et dans les oreilles)

  Ce petit film de Toma Jablon, Step’n Soul, largement primé il y a quelques années dans les festivals, est un “blue note” du surf. Jablon l’a finalement téléchargé sur internet pour le montrer à tous. On se plait ici à le mettre dans nos colonnes et à le partager. L’association jazz et surf, et plus particulièrement le longboard, n’est pas nouvelle. Déjà dans les 60’s, certains films de surf s’affranchissait de la lancinante “surf music”, pour aller chercher dans le jazz des notes plus rythmées, plus soufflées s’alliant à la glisse et aux pas du longboard. Egalement Joël Tudor a été mis en scène sur du jazz.. Mais Ici Toma Jablon est allé plus loin dans la démarche, en mettant le morceau de jazz de Wynton Marsalis dans les oreilles du surfeur anglais Sam Bleakley pendant qu’il surfait. Tout comme lui-même sur le rivage au moment de filmer. Et l’effort

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L’artiste Liu Bolin disparaît dans les déchets

L’artiste Liu Bolin disparaît dans les déchets

L’événement a été exceptionnel. L’artiste contemporain chinois Liu Bolin, mondialement connu pour ses œuvres de dissimulation dans le paysage, est venu spécialement avec son équipe dans les locaux de Surfrider Foundation Europe, à Biarritz, en juin dernier, pour réaliser deux performances artistiques sur fond de déchets. Artiste engagé, Liu Bolin, motivé par le travail de SFE, a décidé de cette action pour sensibiliser le plus grand nombre à la problématique des déchets plastiques. Aujourd’hui les différentes gyres de plastique tournoyant sur des kilomètres carrés dans les différents océans représentent ce qu’on appelle désormais le «septième continent». La densité de microplastique y est parfois plus importante que celle du plancton. La prise de conscience commence à se faire. Malheureusement la demande de plastique ne cesse d’augmenter, pratiquement deux fois plus vite que PIB mondial. En 2016, la production d’éthylène servant à celle du plastique a été de 147 millions de tonnes.

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Hawaii, “à l’ancienne” par Bernard Testemale

Hawaii, “à l'ancienne” par Bernard Testemale

Peut-être que cela lui rappelle la période (années 1980) où il était fabricant à Hendaye de dérives de windsurf, où il manipulait les produits, où il plongeait les mains dans la matière. Toujours est-il qu’après plus de 25 ans de carrière professionnelle comme photographe de surf, Bernard Testemale, plus que reconnu dans le métier, passé comme ses collègues, de la subtilité du diaphragme d’ouverture combinée à la qualité des optiques avec la pellicule argentique, à la course au meilleur capteur numérique faisant l’ivresse incessante de la colorométrie pixelisée d’aujourd’hui, hé bien après tant d’expérience photographique, notre sexagénaire a décidé de revenir à l’origine de la photographie avec des prises de vues comme en 1850. La photo au collodion, il n’est pas le premier, ni le seul (voir SJ n°111), mais à tout le moins Bernard Testemale y a mis toute sa passion depuis six ans. Et il s’est donné les moyens

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