Il n’est pas toujours facile de se faire un prénom quand on a un frère aîné, Ben Harper, dont le talent musical est mondialement reconnu et apprécié. Mais la musique chez les Harper, c’est une grande histoire familiale. Tout autant que Ben, Peter Harper a grandi en passant son enfance dans ce magasin d’instruments de musique que tenait sa grand-mère, dans un petit patelin à l’est de Los Angeles. Une grand-mère qui lui a appris l’amour et la rigueur de la musique, comme elle les avait transmises à sa mère, elle-même une musicienne capable de jouer n’importe quel instrument à corde. A cette filiation maternelle, ajoutez un père, aujourd’hui décédé, percusionniste, alors on comprend que Peter ait en lui le plaisir musical et une aisance à composer et chanter du folk.
Contacté il y a deux ans par Surfrider Foundation Europe pour venir jouer au sein du festival Ocean Climax, sans que cela puisse s’organiser, Peter Harper a néanmoins gardé la cause de l’association dans son cœur. Dans un élan qui lui a semblé évident, il a accepté d’en porter désormais la voix dans ses concerts.
«Je ne suis pas un grand surfeur, mais tous les étés ma grand-mère nous emmenait à la plage et avec elle j’ai appris à aimer la mer tout autant que la musique. J’apprécie Surfrider et son équipe et c’est tout naturellement que je leur apporte mon soutien.» Ainsi donc le chanteur américain fait des concerts en France et en Europe pour l’association et s’efforce même à apprendre et parler le français. L’Amérique a perdu de sa superbe aux yeux de beaucoup de gens avec Trump au pouvoir, alors il ne ménage pas sa voix pour donner une autre image de son pays.
A 42 ans, Peter Harper a un sens de l’empathie assez extraordinaire. «Deux choses me guident en tant que musicien: chanter pour les gens, mais surtout pour faire passer un message de bonheur entre eux et pour le monde. Il faut saisir la chance de rencontrer l’étranger. Celui-ci a toujours quelque chose à apporter. L’étranger n’est pas un danger. Regardez, avant-hier j’ai laissé par inadvertance mon bagage sur le trottoir à Madrid… Et je l’ai reçu aujourd’hui. Il n’y pas que des voleurs, loin de là !»
Elevé dans la considération du prochain, plus par valeur éthique que par conviction religieuse, Peter Harper veut faire sortir les gens de la rancœur dans laquelle trop souvent la société les baigne. Et pour cela il n’hésite pas à transformer ses concerts en une vraie soirée conviviale avec le public, ses chansons aidant.
Passé au petit café théâtre de la Luna Negra à Bayonne, en février dernier pour trois concerts (pleins) organisés par Surfrider, le chanteur de folk a emporté le public à chaque fois. Déjà sa voix, au timbre acéré tout autant que doucereux selon les variations de rythmes que lui glisse sa mélodie jouée sur une guitare à quatre cordes, une voix proche et caressante. Puis le personnage sur scène, affable et plein d’humour entre les chansons, ravi de raconter ce qui a été l’inspiration et le message qu’il y a derrière. Peter Harper a beaucoup joué dans le brouhaha des bars avant de se retrouver en tournée dans des petites salles comme la Luna Negra. Il sent son public, le met à l’aise, lui fait vivre un moment intime. Il faut le voir pour le croire, lorsqu’en plein refrain de sa chanson Ça ne s’arrête pas, il appelle l’audience à entonner le titre, quittant lui-même la scène pour aller embrasser une par une toutes les personnes présentes. Une embrassade qui n’en finit pas, un peu exagérée pourrait-on croire.Mais grâce l’atmosphère empathique que notre enchanteur crée au fil de sa soirée, tout le monde joue le jeu dans la complicité et le sourire. Le feeling et le talent de l’artiste ! Et chacun de sortir heureux de sa soirée. Pari gagné pour Peter.
“La musique est joie” a dit un philosophe. Maintenant il n’y a plus qu’à faire venir Peter Harper au line-up de la Côte des Basques en plein été, histoire qu’on s’embrasse entre les vagues 🙂 En attendant, il est en tournée en juillet en France (Paris, Cognac, Bordeaux, Biarritz, Lacanau… ), trouvez les dates de ses concerts www.peterharper.net —GS
Paru dans Surfer’s Journal 119.