Fred Compagnon ici saisi dans le tube en alaia par son ami Benoît Brecq qui appliqua la technique de photo tubulaire mise au point par Laurent Pujol, consistant à surfer derrière, tout en photographiant. Ce qui veut dire se faire exploser la seconde d’après. Benoît Brecq s’en souviendra longtemps, puisque cela lui valut de casser sa planche en deux, d’avoir le caisson photographique arraché des mains et de sortir de l’eau avec celles-ci en sang. On comprend maintenant comment Laurent Pujol préserve son copyright 🙂 Mais au final Compagnon et Brecq peuvent être contents du résultat obtenu car la photo jette, d’autant que pour se retrouver dans un tube aussi gras et caverneux en alaia, il faut tout simplement s’appeler Compagnon. Bodyboarder depuis toujours, aussi à l’aise en drop-knee qu’un Paul Roach, Fred Compagnon est un joyeux de la mer et des vagues, toujours inventif et talentueux. Après un petit détour par le kite-surf, le Landais est revenu à fond sur son beach break avec la vogue de l’alaia lancée par Tom Wegener. Fred fit ses planches lui-même, voire avec du pin des Landes quand la tempête mit les arbres par terre. Puis arriva le sup, avec la « bénédiction » que les surfers réserva à cette nouvelle planche « bulldozer » dans les vagues. Pour autant Compagnon cogita sur l’engin pour s’en faire une rampe de lancement. Surfer dans l’âme mais ne pouvant surfer comme les autres avec un thruster anodin, il combina la grosse machine avec la petite, le sup avec l’alaia, en mettant au point une technique de take-off d’« auto-tow-in » inédite. La vague arrive, il s’élance en sup sur lequel il est déjà en alaia, un pied dans un foostrap, puis saute dans la face et disparaît dans le tube. La glisse en alaia est un plaisir sans nom. Nombreux sont ceux qui jubilent avec dans 50 centimètres, mais dans du 2,50 mètres à la Gravière, il n’y a que Compagnon, à la stupéfaction de ses pairs. La trajectoire, faut la tenir, debout sans dérive. Bien sûr son sup lâché en plein take-off ne fut pas du goût de tout le monde. Très vite il s’adjoignit les services d’un ami chargé de récupérer l’engin et la pagaie avant que ça finisse dans l’impact zone. Puis maintenant qu’il y a des sup gonflables, plus besoin de casque ni de protège-dents pour surfer avec Fred… S’il a l’art de se mettre en scène et de s’éclater à l’eau, le garçon a aussi le sens de l’image. Compagnon filme, lui, les vagues, sa famille… tout en multipliant les perspectives, pour des petits clips qui font le buzz. Surf is life, déjà l’épisode 3 et 300 000 vues sur Youtube. L’arrivée de la GoPro lui fut comme une lanterne magique. Compagnon n’a pas fini de nous surprendre. Sa singularité, son enthousiasme sont un vrai plaisir, dans la lignée de ce que cette culture du surf a souvent eu de différent, d’innovant, de marrant.
Paru dans le Surfer’s Journal 106
Et tout à son honneur, Fred Compagnon s’est retrouvé dans l’émission toujours détonante Tracks sur Arte