Avec la tour des juges en question, se joue à Teahupo’o une bataille entre deux cultures: celle qui a inventé le surf et celle qui a inventé les JO. En jeu la pérennité d’un écosystème et sa vague, d’un côté, et la portée d’un éternelle message de paix, de l’autre. Le monde connaît actuellement une telle activation des tensions et des guerres que ce qui se passe à Teahupo’o peut sembler dérisoire. Pourtant l’enjeu et la symbolique sont forts. Teahupo’o est la vague, à Tahiti, qui a été retenue pour l’épreuve de surf des Jeux Olympiques Paris de 2024 (programmée entre le 27 et 30 juillet 2024), mais s’y joue aujourd’hui une contestation écologique locale légitime, de nature à entacher le message olympique de la France, « un message d’espoir et de paix » comme le veut la tradition olympique. L’enjeu: le projet disproportionné de la construction en métal d’une
Lire la suite →Oui, l’eau est partout autour du monde, constitue le monde. 70% de la surface planétaire, ce sont les océans. 60% de notre masse corporelle est aquatique. Son cycle est vital, de son évaporation océanique à la pluie qu’elle déverse, de sa source en montagne à son écoulement dans les estuaires et autres bras de mer. Sauf que l’eau se dessèche, que les glaciers fondent partout, que son niveau marin monte tout autant que son oxygénation océanique s’acidifie et que le plastique la gagne de partout, jusque dans le plancton des plus grandes profondeurs de la fosse des Mariannes (11 000 m) comme dans la bière fraîche qui vous lèche les babines, sans parler des nappes phréatiques, réceptacles de tous nos résidus chimiques… Bref l’eau, une affaire de plus encore à gérer pour l’humanité avec ses 7,7 milliards d’habitants ! Finie l’insouciance ! A bord au large de Biarritz, septembre 2020, les surfeurs
Lire la suite →Le bruit des vagues rythme ses réflexions depuis maintenant quarante ans. Né à Biarritz en 1957, Gibus de Soultrait, surfeur, écrivain, journaliste, est un match-maker autodidacte hors norme. Il a fait se rencontrer deux univers qui s’ignoraient. Celui de la glisse, et celui de la philosophie. Lui-même est comme né de ce croisement peu banal. Surfeur assidu depuis l’âge de 10 ans, il crée à deux le magazine Surf Session en 1986, cofonde l’ONG de défense des océans Surfrider Foundation Europe en 1990, puis prend la direction de Surfer’s Journal en France en 1994, avant de lancer en 2018 en petit groupe le mouvement citoyen Rame pour ta planète. Voyageur libre, imprégné de l’esprit surf alternatif des 70’s, il se jette dans les bras du monde à seulement 18 ans, un peu à l’arrache, bourlinguant en auto et bateau-stop. Comme en surf, il laisse la vague l’emporter. Celle de ces
Lire la suite →Est-ce l’audace qui fait les rencontres ou la rencontre qui imprime l’audace ? Toujours est-il que des deux côtés de ce qui a fait le projet branque d’aller enregis- trer in situ le spot de Nazaré, on a le sens de l’engagement. Côté musique, Romain Delahaye, alias Molécule, musicien-compositeur est un habitué des situations hors studio pour agréger la texture de ses compositions électroniques. «Je cherche des endroits où la nature est dominante», explique-t-il. Après avoir enregistré les tempêtes de l’Atlantique nord pendant 35 jours (retranscrites dans l’album 60°43’ Nord) et le son du Groenland après cinq semaines sur place (à retrouver dans l‘album –22,7°), c’est Nazaré qui a attiré l’attention du musicien. «J’ai vu des images de cette vague. Ça m’a scotché. Par contre on ne l’entendait pas. Donc je me suis dit, allons essayer de capter les sons qu’elle fait.» Tout simplement ! «C’est important tant de se rendre
Lire la suite →Tout d’abord nous tenons à nous excuser auprès d’une partie des abonné(e)s qui n’ont pas reçu dans les délais convenus le dernier numéro de Surfer’s Journal. Nous avons dû faire face à un problème technique extérieur à nous, ayant perturbé l’acheminement des envois et sur lequel nous n’avions aucune prise. Il nous a fallu déjà décanter la situation puis recenser un à un les abonnés qui avaient ou pas reçu la revue, en les joignant autant que faire se peut par email ou via les réseaux. Comme dans le même temps nous étions rentrés dans la réalisation du numéro présent, petite équipe faisant, la manutention du renvoi des magazines n’a pu être immédiat. Aussi nous remercions les abonnés, mis en attente, de leur indulgence et de leur patience. Ce problème a été difficile pour nous à gérer et représente un accident de parcours non négligeable que nous aurions évidemment voulu éviter.
Lire la suite →Malgré des décennies d’étroite collaboration avec le shapeur/mentor Al Merrick, Tom Curren a souvent fait des digressions vers des designs non conventionnels, et souvent dans les vagues de taille. Souvenez-vous de sa maîtrise d’un Firebal Fish de 5’7’’ dans un Sumbawa mastoc. Ou de ses trajectoires le long des sections parfaites de J-Bay sur un quad 6’1’’ ou un fish Skip Frye. Et puis il y eut l’improbable Reverse Vee de Maurice Cole, qui le mena à son troisième titre mondial en 1990. Au fil de sa carrière, Tom Curren a toujours été ouvert à surfer tout ce qui piquait sa curiosité, quoi que pût en penser l’establishment du tri-fin. Ces dernières années, ont circulé des images de Curren surfant debout sur des skimboards et des bodyboards sur des pics en Indo, des pointbreaks au Mexique et autour de chez lui, à Santa Barbara. Disciple de Curren depuis toujours,
Lire la suite →Après une première rame pour ta planète à l’occasion de l’étape, à Biarritz le 6/10/2018, d’Alternatiba dans son tour de France écolo à vélo, il y avait un pari audacieux de notre groupe organisateur (1) à décider de mobiliser les surfeurs(ses) tous les premiers samedis du mois, jusqu’au G7 à Biarritz en août 2019, soit onze mois plus tard. L’audace n’était pas de nous convaincre nous-mêmes de l’intérêt de ramer tous les mois, mais bien de susciter celui-ci auprès des surfeurs(ses). Et entre l’individualisme exacerbé de notre espèce aquatique et les «A quoi ça sert ? Quelle légitimité ?» permettant à tous les détracteurs de trouver de bons arguments pour ne pas y aller ou pour dénigrer une telle action, la tâche de rassembler des surfeurs n’a pas été facile. On s’en doutait et la persévérance fait partie de la rame pour décrocher une vague en surf. Pour autant, fallait tenir. Au
Lire la suite →Ni pompier, ni astronaute, le petit Hugo Verlomme savait très bien quoi répondre à son instituteur lorsque celui-ci lui demanda ce qu’il rêvait de faire, plus tard. «Écrire des livres et aller aux îles Marquises.» Hugo Verlomme fait partie de ces rares auteurs français à avoir consacré son œuvre à l’océan. Du journal de bord teinté de fiction avec Détour en 1976, à Cowabunga Surf Saga la même année, en passant par l’épopée sous-marine de Mermere et le roman d’anticipation apocalyptique L’Eau est là, Verlomme brasse les genres comme les vagues, bodysurfeur convaincu, toujours à l’eau à 67 ans, «un maillot suffit !». Écolo avant l’heure, il est cofondateur de Réseau-Cétacés dès 1989, et continue son action pédagogique auprès des plus jeunes en milieu scolaire. Depuis Capbreton, où il vit à trois cents mètres des plages, il met la tête sous l’eau de qui veut bien l’écouter lors des Journées du
Lire la suite →Championne du monde de snowboard freeride en 2011, surfeuse invétérée, Anne-Flore Marxer est partie, elle aussi, faire son trip en Islande, avec son amie Aline Block. Mais pas parce que la destination de cette île est à la mode dans les magazines de surf (Surfer’s Journal inclus). Surtout parce la nation Islandaise est à l’avant-garde, dans son histoire, du combat féministe. Et histoire de secouer le monde la glisse de son sexisme ambiant, la Franco-Suisse en a sorti un film, A Land Shaped by Women, aussi instructif sur ce pays à la parité historique que planant, les deux filles œuvrant divinement avec leurs planches, dans des paysages aussi extrêmes que sublimes. Deux blondes entrent dans un bar. Ainsi pourrait commencer une mauvaise blague, un peu misogyne. C’est tout l’inverse. Le bar, un café parisien en face de la Gare du Nord, est, le temps de quelques heures, le théâtre
Lire la suite →Le premier Stormrider Guide Europe est sorti en 2001. Premier du genre en Europe et premier du genre dans les guides de spots avec ses cartes, ses icônes, sa présentation, sa méthodologie. Génial pour les uns. Cris d’orfraie pour les autres. C’est la mort du surf tranquille. (Ce qu’on oubliait, est que dans les 70’s, années phares des aventures et sessions secrètes, Surfer magazine, tout en ne disant rien de la localisation de la vague de rêve mise en double page, vendait à la fin du magazine par correspondance des surf reports, ces fiches jaunes sans photos mais où tous les spots alors surfés y étaient répertoriés et décrits avec une précision quasi-scientifique.) Le débat fit rage, mais de toutes façons le Stormrider Guide ne faisait qu’enfoncer des portes ouvertes, les spots connus. Par contre le livre était autant un guide bien ficelé qu’une machine à rêver et à voyager…
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