Les finalistes en famille. Photo Mathieu Lodin

Voilà presque 10 ans que nos amis bretons d’Hoalen viennent chaque année sur Cenitz, à Guéthary, organiser cette rencontre conviviale qu’est la Fathers&Sons. Un concept de compétition renouant avec un principe fondateur du surf, celui d’être au départ un sport, une pratique, un mode de vie cool. Parents et enfants en duo, se disputant sans coup férir des vagues qu’il s’agit de surfer à deux pour être le mieux noté. Jusqu’à présent cette compétition en famille avait lieu en juin. Cette année, elle a été reportée en septembre à un moment où les vagues sont plus fréquentes mais aussi plus fréquentées. Lors de ces dix dernères années, le coin de Cenitz est passé de semi secret spot faisant le repos des locaux à une étape incontournable du Sentier Littoral pour les marcheurs comme pour les surfers du monde entier. En dix ans aussi Guéthary s’est fait avaler par sa notoriété. Du coup en septembre, à la moindre houle, le nombre de surfers à l’eau ne se compte plus en une ou deux dizaines mais en dizaines de dizaines, avec un jeu d’accordéon selon les conditions faisant varier les sessions. Pour cette édition 2016, jolies vagues et offshore furent au rendez-vous, excitant d’autant la venue de surfers de partout, peu au fait que le spot était réservé à du surf en famille. Lorsqu’il fallut aux organisateurs reprendre les vagues à leur compte, on eut pu s’attendre à, si ce n’est une lever de boucliers, du moins des réticences notoires, voire péremptoires, surtout à une époque où l’appropriation d’un territoire, entre «ici c’est chez moi» et «l’océan (la terre) est à tout le monde», est devenu le point d’orgue de juteux débats. Mais là étonnament tout se passa comme dans le meilleur des mondes, à croire que le surf, malgré pas loin de cent personnes à l’eau, restait cool.

Nul doute que l’onde conviviale et respectueuse de la compétition familiale enveloppait à bon escient l’atmosphère. Pour autant au line-up, on le sait, le surf n’est pas une affaire de bisounours. Mais peut-être est-ce là le reflet d’une souterraine empathie de la société, plus présente et générale entre les gens que ne voudraient le laisser entendre nombre de cadors cacophoniques du repli sur soi. Cette compétition familiale nous rappelle que le surf, si individualiste soit ce sport, est un aussi un legs générationnel… établi, par ailleurs, sur un don de la nature. De quoi veiller à être cool… Comme les finalistes sur la photo.

Paru dans Surfer’s Journal 116