Le Musée d’Aquitaine à Bordeaux accueille jusqu’au 2 décembre 2018, l’exposition Jack London, Dans les mers du sud, initialement créée l’année dernière par le  MAAOA à Marseille. Une exposition exhaustive et superbe autour de Jack London et son voyage et récit dans le Pacifique, La croisière du Snark, à ne pas manquer ! Petit rappel, c’est lors de cette croisière menée avec sa femme Charmian, que l’aventurier et écrivain américain fit escale en 1907 à Hawaii. Moment majeur dans l’histoire du surf puisque par l’intermédiaire de Alexander Hume Ford, Jack London s’initia alors au surf à Waikiki auprès de George Freeth et écrivit cette phrase historique au sujet la pratique océane hawaïenne, tombant alors en désuétude:

«A Royal Sport. That is what it is, a royal sport for the natural kings of the earth.» Une phrase qui eut pour effet de sortir le surf de son extinction, en réveillant le regard des blancs, plus la percée olympique du Duke en 1912. Et la phrase d’être, en manuscrit à la plume, dans l’exposition ! Voilà qui est émouvant, voilà qui est grand pour tout personne éprise de surf culture.

Etendue sur 600 m2, agrémentée de 100 œuvres ethnographiques, 250 photographies, de films d’archives, de pages manuscrites de London et d’une maquette inédite du voilier le Snark, cette exposition est une véritable invitation au voyage, mais aussi un intense plongeon dans la culture polynésienne du début du 20ème siècle, à un moment où les maladies et le colonialisme/messianisme continuaient de décimer cette population insulaire du Pacifique. En suivant le parcours du Snark, de San Francisco à Sydney, un voyage de plus de deux ans, l’exposition Jack London dans les mers du sud offre donc le double intérêt de montrer London dans son éveil de voyageur et d’écrivain, tout en révélant la richesse de la société millénaire qui s’ouvrait à lui. Parti de Californie avec dans la tête, comme ses compatriotes, les idées racistes de la supériorité du blanc, London se fait avaler par la puissance de son voyage et par ce qu’il rencontre. Il se révèle peu à peu comme un ethnologue dont l’empathie pour les peuples indigènes devient évidente. Autant dire qu’à l’issue de son périple, Jack London n’est plus le même homme. Ses écrits humanistes après 1909 le prouvent.

Sous l’égide des deux commissaires de cette exposition, Marianne Pourtal Sourrieu, conservatrice au MAAOA, et Michel Viotte, réalisateur de documentaires et auteur déjà d’un livre sur London, un très bel et sérieux ouvrage de 195 pages, illustré du contenu de l’exposition, a été édité pour l’occasion par les Editions de La Martinière. Voilà qui comblent celles et ceux qui ne pourront aller à Marseille. Outre donc sa richesse iconographique, le livre nous plonge dans les écrits de London tout en nous éclairant de leur contexte. Le Snark, l’équipage, les escales, les rencontres… le parcours de London dans le Pacifique est décrit à la trace. La lecture des chapitres est un voyage dans le temps, dans le Pacifique tout autant que dans London lui-même, l’aventurier, l’écrivain.

Avec cette exposition et ce livre, la culture surf se voit offrir un chapitre de son histoire comme elle n’aurait jamais imaginé pouvoir se le constituer elle-même. Bien entendu Jack London est un auteur universel et son périple en mers du sud s’adresse à tout le monde. Mais celle ou celui qui surfe et voyage ne peut résister, ici, à l’appel de Jack. Sans hésiter, on monte à bord Snark !

Exposition Jack London dans les mers du sud, Musée d’Aquitaine de Bordeaux 20 rue Cours Pasteur 33000, Bordeaux. Tel 05 56 01 51 00

Livre Jack London dans les mers du sud, Michel Viotte et Marianne Pourtal-Sourrieu, 192 pages, format 220×285, Editions de La Martinière. Prix: 25 €

Voir également
www.jacklondonaventure.com pour plus d’informations sur Jack London et cette exposition et son livre.