Style sous influence

Style sous influence

Parler de style en surf, c’est ouvrir la boîte de Pandore. Comment un corps imprime sa gestuelle esthétique et fonctionnelle avec l’élé- ment naturel qui le meut, c’est toute la ques- tion du surf et, à partir de lui, celle des sports de glisse dont le style préfigure souvent leur distinction des autres sports. Que style rime avec glisse tient au fait qu’il serait comme un effacement du geste dans sa facilité à épouser à bon escient l’élément et son mouvement. Regarder Gerry Lopez, Tom Curren, Joel Parkinson, Andy Irons ou John John Florence et Stéphanie Gilmore (pour ne citer qu’eux), c’est retenir l’émotion esthétique suscitée plutôt que la prouesse technique effectuée. Ou pour le dire autrement: si on est ébloui par Kelly Slater, on succombe devant John John Florence, le second offrant à un tube sur Backdoor/Pipeline une facilité native du geste qui en redouble l’esthétisme par invisibilité. Le

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Bordeaux dans la vague

Bordeaux dans la vague

Jusqu’au 5 janvier 2020, La déferlante surf immerge le Musée d’Aquitaine et la ville de Bordeaux dans un océan d’objets, de planches, de photos, de tableaux, révélant puissamment le surf dans sa dimension sociétale, historique, créative, poétique… Inédit et unique. Un message de couleurs qui vivifie la teneur de notre époque grâce à une scénographie pleine d’exotisme. A ne pas manquer, ça vaut le détour. Petite présentation pour vous attirer. De grandes expositions sur le surf, il n’y en a pas eu tant que cela. Citons cependant en France Sur la vague à la Corderie Royale à Rochefort en 2005, La dernière vague à La belle de mai, à Marseille, en 2013. Egalement 50 ans, puis 60 ans de surf à Biarritz en 2007 et 2017. Aussi lorsque huit cent mètres carrés d’exposition temporaire sont consacrés au surf dans le musée le plus emblématique de Bordeaux, lui-même attaché à l’histoire et

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The Fantastic Plastic Machine

The Fantastic Plastic Machine

Il y a cinquante ans sortait sur les écrans de cinéma californiens, The Fantastic Plastic Machine, film de surf réalisé par Eric et Lowell Blum et produit par la Twenty Century Fox. Un documentaire surf à la Endless Summer, mais sans la gageure de l’inédit du film de 1964, ni celle d’avoir un vrai surfeur hard-core comme Bruce Brown aux commandes et en voix off. Là, pour narrer l’histoire de surfeurs en quête de vagues, celle de l’acteur Jay North, star d’une sérié télé des 60’s, Dennis The Menace. Pour autant le scénario du film n’est pas une histoire à l’eau de rose hollywoodienne. En 1966, lors des championnats monde ayant eu lieu en Californie, l’Australien Nat Young remportait le titre avec une style de surf révolutionnaire, exécutant plein de virages avec une planche plus manœuvrable, là où son adversaire hawaiien (passé en Californie) David Nuuhiwa filait magistralement tout droit sur

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Back to 69

Back to 69

Entamant l’année 2019, (et avec la couverture de ce numéro nous ramenant cinquante ans en arrière en 1969), on est allé reprendre dans la pile du grenier un numéro de Surfer magazine de cette même année 69, gardé à l’esprit avec un souvenir pré-adolescent mais vif de cette époque. Passage en revue de quelques pages de ce numéro, emblématique d’une décennie 60’s frondeuse qui va basculer dans des 70’s voyageuses et utopiques, mais dont la sensation, la vision ont de quoi résonner dans celles de notre époque actuelle. Déjà la couverture, en étoile graphique bousculant la linéarité des critères établis, un roller exemplaire en shortboard de 8’ d’un Californien, Pat Tobin, saisi par le photographe Art Brewer (à l’honneur dans ce Surfer’s Journal). L’édito non signé de John Severson, titré goo ! get out oil, dénonçant l’implantation de plateformes pétrolifères au large de la côte californienne, en argumentant sur la pollution

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Le livre sur Duke !

Le livre sur Duke !

  L’image de Duke Kahanamoku (1890-1968), «le père du surf moderne» disparu il y a cinquante ans, est une icône essentielle et incontournable du monde du surf, tant fut grande son influence et tant il était photogénique. Pourtant, paradoxalement, nous ne savons pas grand-chose de son existence alors que, jusqu’à Barack Obama, il était le plus célèbre natif d’Hawaii. Apôtre du surf, il l’a révélé au monde et il incarne presque à lui seul la culture et l’histoire de cette pratique dévorante qu’il nous a transmise. À l’aube du XXe siècle, membre du dernier carré des surfeurs hawaiiens, il contribua de manière essentielle à sa relance en captivant les Alexander Ford et autres Jack London qui en clamèrent ses bienfaits, en créant le premier club de surf au monde et en réalisant des démonstrations sur les côtes américaine et australiennes. Sa «Long Ride» est restée dans la légende des plus

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J. London, on monte à bord du Snack !

J. London, on monte à bord du Snack !

Le Musée d’Aquitaine à Bordeaux accueille jusqu’au 2 décembre 2018, l’exposition Jack London, Dans les mers du sud, initialement créée l’année dernière par le  MAAOA à Marseille. Une exposition exhaustive et superbe autour de Jack London et son voyage et récit dans le Pacifique, La croisière du Snark, à ne pas manquer ! Petit rappel, c’est lors de cette croisière menée avec sa femme Charmian, que l’aventurier et écrivain américain fit escale en 1907 à Hawaii. Moment majeur dans l’histoire du surf puisque par l’intermédiaire de Alexander Hume Ford, Jack London s’initia alors au surf à Waikiki auprès de George Freeth et écrivit cette phrase historique au sujet la pratique océane hawaïenne, tombant alors en désuétude: «A Royal Sport. That is what it is, a royal sport for the natural kings of the earth.» Une phrase qui eut pour effet de sortir le surf de son extinction, en réveillant le regard des blancs,

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Retrouver les fleurs du jardin

Retrouver les fleurs du jardin

Jardim do Mar, à Madère, a une longue histoire. Trop longue à raconter ici. Mais entre la première fois où cette vague a été surfée par un surfeur solitaire de passage en 1977 et la photo au-dessus, prise il y a peu, elle est passée par le secret (pendant de longues années), puis par une médiatisation discrète à faire beaucoup rêver. Après les surfeurs étrangers, ce furent les surfeurs locaux qui en firent leur jardin, avec ouverture et amabilité. Il y eut même un championnat du monde de grosses vagues. Et soudain arrivèrent la fin du rêve surf et la rupture au village, avec la construction d’une promenade/parking pour voiture en pied de vague, entre les pour et les contre. Une construction réalisée dans le cadre de la modernisation de l’île et de ses routes grâce aux fonds européens, mais dirigée alors par un gouverneur autocratique qui avait des intérêts

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Etudes et enchantements sociologiques

Etudes et enchantements sociologiques

Le surf et les surfeurs comme objet d’études scientifiques ! Qui l’aurait cru ? Du moins parmi ceux d’antan qui enjambèrent, par monts et par vaux, un mode de vie happé par la vague. Et pourtant l’intérêt des sciences sociales pour le surf n’est pas nouveau. Depuis plus d’une vingtaine d’années, des sociologues, des anthropologues dans nombre d’universités dans le monde ont posé leurs outils conceptuels de décryptage et d’analyse d’une communauté humaine, sur le phénomène surf irriguant la société moderne à sa façon, tant par ses vagabonds rêveurs toujours en cavale sur des crêtes échevelées que par ses organisateurs et autres entrepreneurs au pragmatisme sportif et commercial. Des beachbums aux JO en passant par quelques milliards, c’est vrai que ça peut faire un marqueur de notre société. En France, des ouvrages universitaires, collectifs ou individuels (Jean-Pierre Augustin, Alain Loret, Hervé Guibert, Anne-Sophie Sayeux, Taha Al Azzawi…) ont défriché le phénomène surf

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Les gars de la Grande !

Les gars de la Grande !

  Voilà un film documentaire dont le sujet et la forme sonnent frais. Biarritz Surf Gang, une série de dix épisodes de six minutes actuellement sur le web via Studio Plus, a créé le “feu” lors de sa projection en avant-première à Biarritz.  Il est au programme du Festival du film de surf d’Anglet du 10-13 juillet. Au départ, l’idée de deux jeunes surfeur biarrots, Pierre Denoyel et Nathan Curren (fils de Tom) de faire un film sur leurs aînés de la génération années 1980, les surfeurs de la Grande Plage. Les deux garçons n’ont qu’une expérience limitée en audiovisuel, quant à l’histoire qu’ils veulent raconter, elle traite de surfeurs dont les noms sont surtout dans la mémoire locale Mais Pierre et Nathan connaissent ces gars, savent leur parcours, ont vu leurs films de surf de voyage, et mesurent d’autant mieux le lien qui a fait leur bande, qu’eux mêmes vivent une

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Hommage à John Severson

Hommage à John Severson

Vendredi 26 mai, John  Severson, 83 ans, par qui, le premier, le surf est devenu l’expression d’une culture, s’est éteint , en étant chez lui, entouré des siens et face à l’océan  qu’il a cheri toute vie. Natif de San Clemente, surfeur de cette Californie du sud encore sauvage des années 1950, il en exprima les vagues, la plage et le mode de vie d’abord par la peinture, son premier et véritable art, faisant de ses toiles des œuvres remarquables d’expressionnisme et de modernité picturale. Puis il fut cinéaste de surf à l’image de Bud Browne (son aîné) et de Bruce Browne (son contemporain), et en 1960, face au succès de son livret photos, The Surfer, qu’il vendait en projetant ses films, il créa Surfer magazine… En 1971, il vendit le magazine et s’installa avec sa famille à Maui (Hawaii), surfant, photographiant, peignant tout en diversifiant ses activités. Ce qu’il a fait jusqu’à

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