Pour sa seconde édition, l’Ocean Climax Festival qui se déroula du 8 au 11 septembre 2016 dans l’enceinte de ce fameux lieu de transition sociétale (mêlant esprit entrepreneurial, action écologique et vie associative) qu’est Darwin à Bordeaux, a gardé les principes ayant fait l’engagement et la renommée de la première édition en 2015 (SJ n°110): un festival musical attirant son monde par ses têtes d’affiches et sa diversité, au service d’un événement poussant à réfléchir sérieusement à aujourd’hui et demain. Conférences et débats dans la journée et musique le soir, le tout dans ce lieu unique en France que sont ces bâtiments désaffectés de la caserne Niel sur la rive droite de la cité girondine, dont deux bâtiments ont été renovés en espace lucratif de travail (co-working) avec restaurant et magasin bio, et le reste investi et réaménagé en low-tech, avec de la récupération pour héberger nombre d’associations (skate, vélo, street art, pirogue-stand-up, jardinage, bricolage, action sociale…). Un mixte d’activités nourries de professionnels, de passionnés, d’ingénieux, de conviviaux… en tout genre (au total plus de 450 emplois !)… qui fait de Darwin un étonnant laboratoire actuel de vie active où s’ajoutent des prestations événementielles régulières (publiques et privées), et tout récémment l’hébergement d’un lycée expérimental, avec une trentaine d’élèves pionniers en classe de seconde, ayant droit au cursus normal mais pimenté d’intervenants extérieurs poussant les élèves à plus d’éveil et d’ouverture.
Fort d’un tel établissement auto-suffisant en énergie et veillant à ne pas se carboniser (intégrité forte et minimum de CO2), Darwin ne peut que faire résonner à souhait l’enjeu climatique de notre époque avec donc l’Océan Climax Festival, porté aussi cette année par Surfrider Foundation Europe et Emmaüs Gironde. Entre Nicolas Hulot pointant la main mise pétrolière sur l’aveuglement politico-économique à Edgar Morin, 95 ans, insistant sur l’importance de l’éducation dans son message militant et enjoué d’homme de connaissances, la parole de ce Climax 2016 fut aussi celle d’experts reconnus et combattifs, d’ONG lucides et actives autour de «L’inacceptable scénario du fossile», «Des énergies renouvelables et de la protection des océans», «Des réfugiés climatiques». Une parole d’urgence mais aussi d’espoir, données à l’appui. Mais faut agir vite ! Et l’action d’être ici pragmatique et festive, à l’exemple de Morin, voix tremblotante mais acclamée, entonnant spontanément le chant de la liberté, un peu avant que Air, De la soul, Cassius… ne rentrent sur scène devant plus de 8000 personnes à la cool et complices d’un décor féérique (lune aidant) de friche citadine aux colorations alternatives et vives. Mieux qu’une cité dortoir de luxe comme en rêvent des prédateurs immobiliers. Face au climat, plus le temps de dormir ! —G.S
Paru dans Surfer’s Journal 116