Avec la tour des juges en question, se joue à Teahupo’o une bataille entre deux cultures: celle qui a inventé le surf et celle qui a inventé les JO. En jeu la pérennité d’un écosystème et sa vague, d’un côté, et la portée d’un éternelle message de paix, de l’autre. Le monde connaît actuellement une telle activation des tensions et des guerres que ce qui se passe à Teahupo’o peut sembler dérisoire. Pourtant l’enjeu et la symbolique sont forts. Teahupo’o est la vague, à Tahiti, qui a été retenue pour l’épreuve de surf des Jeux Olympiques Paris de 2024 (programmée entre le 27 et 30 juillet 2024), mais s’y joue aujourd’hui une contestation écologique locale légitime, de nature à entacher le message olympique de la France, « un message d’espoir et de paix » comme le veut la tradition olympique. L’enjeu: le projet disproportionné de la construction en métal d’une
Lire la suite →Avec John John Florence dans l’expression de son art en couverture, le Surfer’s Journal 152 (octobre-novembre 2022) a pris place en kiosques. Partagez et soutenez la culture surf en le découvrant avec au sommaire de ce numéro : Retour sur un titre mondial “volé”, celui en 1983 de l’Hawaïen Dane Kealoha, victime d’un règlement arbitraire à l’époque au sein du circuit mondial. Le journaliste Paul Holmes retrace le parcours de ce surfeur majeur et exemplaire des années 1980, au style puissant, qui aurait dû être le premier Hawaïen à honorer son territoire de la couronne mondiale. A défaut, un bel article en son honneur. Sélection de clichés clefs de la photographe Claudia Lederer, aujourd’hui reconnue dans un métier (la prise de vue surf et glisse) encore largement masculin. Et Lederer d’exercer son activité avec un féminisme doux, porté par la volonté de donner une plus grande visibilité des femmes dans
Lire la suite →Cet entretien a été réalisé et publié, il y a trente ans, dans Surf Session (n°43) en 1991. Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, était venu alors passé l’hiver sur la côte basque, avec sa femme, Malinda, et ses jeunes enfants, Fletcher et Claire, dans le but de leur faire vivre une expérience à l’étranger et qu’ils apprennent un peu le français, qui fut la première langue de leur père, même s’il en perdit après l’usage. Il loua alors une maison pour plusieurs mois à Guéthary. Un ami commun nous fit nous rencontrer et nous avons tissé une amitié, partageant nombre de sessions de surf et de discussions à refaire le monde. A ce moment-là, c’étaient les débuts de la création de Surfrider Foundation Europe et Yvon Chouinard, par sa connaissance de la question environnementale tout comme des problématiques d’entreprise et d’association, nous fut de bon conseil. A la relecture de
Lire la suite →Après la sortie en 2020 de Le surf change le monde et la bonne surprise d’une réponse enthousiaste et continue du public, Gibus de Soultrait publie cet été Le passage amoureux, un court essai (64 pages) écrit en écho à l’incertitude de notre époque contemporaine. Au titre du surfeur qu’il est, il tire de sa pratique et de son amour de la vague, un exercice de l’incertitude qui vaut sa part d’entendement et d’enchantement, non sans persévérance et audace, surf et pensée obligent. Dans ces lignes qui glissent et à l’écriture tout à la fois profonde et enjouée, il donne aussi à l’acte d’aimer la résonance du flux que nous sommes et toujours susceptible de nous ouvrir un passage fructueux, amoureux avec l’incertitude. De soi au monde et vice-versa, ce petit livre (format poche) nous transporte dans l’inédit d’un paradigme où le mouvement joue sa chance et la lecture sa part, pourquoi
Lire la suite →Le bruit des vagues rythme ses réflexions depuis maintenant quarante ans. Né à Biarritz en 1957, Gibus de Soultrait, surfeur, écrivain, journaliste, est un match-maker autodidacte hors norme. Il a fait se rencontrer deux univers qui s’ignoraient. Celui de la glisse, et celui de la philosophie. Lui-même est comme né de ce croisement peu banal. Surfeur assidu depuis l’âge de 10 ans, il crée à deux le magazine Surf Session en 1986, cofonde l’ONG de défense des océans Surfrider Foundation Europe en 1990, puis prend la direction de Surfer’s Journal en France en 1994, avant de lancer en 2018 en petit groupe le mouvement citoyen Rame pour ta planète. Voyageur libre, imprégné de l’esprit surf alternatif des 70’s, il se jette dans les bras du monde à seulement 18 ans, un peu à l’arrache, bourlinguant en auto et bateau-stop. Comme en surf, il laisse la vague l’emporter. Celle de ces
Lire la suite →Le sujet est délicat et sans doute un peu casse gueule, surtout quand la plume ici est masculine et qu’on peut déjà la soupçonner de vouloir se dédouaner. Pour autant, on tente. Le surf a fait bonne figure de s’acoquiner avec le sexe et de se pavaner à bon compte de son émancipation des mœurs, en paraffinant par exemple ses planches depuis plus de quarante-cinq ans avec un anti-glissant dénommé Sex Wax, même si ce n’est pas le seul sur le marché. Quel autre sport peut dire que l’intitulé de son produit de base commence par Sex ? Et le surf de se vanter d’être fun, léger, sans complexe avec dans sa sauce le mot plaisir à tout bout de champ, et donc orgueilleux de pimenter de sexe son image, le fameux sea,surf&sex, longtemps dans toutes les bouches, à tout le moins dans tous les esprits. Mais qui passent majoritairement l’onguent
Lire la suite →Alors que nous publions dans ce numéro (SJ 128) un long article sur les Outer Banks de la Caroline du Nord aux Etats-Unis, le cyclone Florence sema récemment la panique sur cette côte américaine, causant le déplacement de plus de 1 800 000 personnes, avant finalement de redescendre en tempête tropicale, noyant cependant le rivage sous des pluies d’une rare intensité. Dans le même temps, le cyclone Mangkut de catégorie 5 ravagea à nouveau les Philippines, suscitant la mort d’une centaine de personnes, puis prolongeant sa course dévastatrice sur le long des cotes du sud-est asiatique. Comme un rappel en stéréo des deux côtés du globe que les éléments naturels sont encore ce qu’il y a de plus puissant sur terre, quoi que puissent en penser les humains dans leurs conquêtes modernes. Que la fréquence ou la violence de ces cyclones puisse être reliée au réchauffement climatique, la science ne
Lire la suite →Un peu comme des fruits de saison, les déchets viennent chaque printemps se décimer plus fortement sur l’étal des plages et des spots de la côte basco-landaise. Vent de mer, cours d’eau en crue, jeux des courants, cul de sac du Golfe de Gascogne… la régularité du phénomène s’explique. Cette année 2018, les sessions d’avril, mai, juin ont été particulièrement encombrées dans le sud-ouest. La présence des déchets en mer ne date pas d’aujourd’hui. Surfrider Foundation Europe dès sa création en 1990 en a fait son cheval de bataille au point même que ce déchet plastique flottant est devenu comme le «gène» de l’association dans son combat environnemental, depuis près de trente ans. Si la production industrielle de plastique ne cesse d’augmenter pour répondre à notre consommation d’humains modernes (plus de 300 millions de tonnes, par an), si le déversement de plastique dans les mers ne cesse lui aussi d’augmenter
Lire la suite →William Finnegan, avec Jours Barbares, fait rentrer le surf dans la littérature par la grande porte. Il était l’invité de “Ping Pong” sur France Culture avec Gibus de Soultrait. Le surf par tous les côtés. Un moment riche d’échanges et plein de vie. A écouter…! https://www.franceculture.fr/emissions/ping-pong/william-finnegan-gibus-de-soultrait
Lire la suite →Dans ma tête je suis là et pas là, entre elle qui se déplace quelque part et que j’attends, et moi qui flotte à l’écart, de moi comme du reste. Avec elle je bascule, j’oublie. Je m’allonge, rame, m’assieds, regarde. Les autres bougent, j’attends. Les autres attendent, je bouge. Tout le monde bouge, je bouge. Tout le monde attend, j’attends. Il n’y a pas de placement qui vaille, juste une place qui se glisse, qui s’immisce. Dans ma tête elle est là et pas là, entre moi qui me déplace quelque part et qui attends, et elle qui avance à l’écart, de moi comme du reste. Avec moi elle bascule, elle déferle. Elle se lève, se tend, se creuse, se rend. Les autres regardent, elle me prend. Les autres la prennent, elle me regarde. Tout le monde regarde, elle surprend. Tout le monde la prend, elle regarde. Il n’y a
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